Tu m’avais promis de ne pas m’oublier. Quand ils sont venus me chercher, m’emmener, tu m’as dit que tu reviendrais pour moi, que tu viendrais me reprendre, que tu me sauverais d’eux. Je t’attends encore. Jamais tu ne viens, même si je t’appelle, même lorsque tu m’entends, tu n’arrives jamais à temps. Et pourtant, je te vois, à chaque jour qui se lève, lutter contre cette idée folle qu’il manque quelque chose à tes souvenirs, que quelque chose en est absent. Tu ne te rappelles que trop rarement de moi, tu ne sais que trop rarement pourquoi tu luttes… J’ai beau, de toutes mes forces, tenter d’imprimer mon nom, mon visage, si seulement je pouvais m’en souvenir moi-même, dans ton esprit, jamais je ne peux t’atteindre, jamais je ne peux te toucher. Je suis condamnée à t’observer d’ici, sans jamais te voir, sans que jamais tu ne me remarques… Et pourtant je hurle, à m’en déchirer les poumons. Pour toi, je ne suis qu’une illusion, une terrible illusion, un vague songe, la chose qui manque, cette chose que tu ne peux retrouver… Ils m’ont arrachée à toi, mais tu ne t’en souviens pas, tu les hais, mais tu ne sais plus pourquoi, tu te sens seul, mais tu ignores pourquoi… Et je meurs de te voir ainsi, souffrant par ma faute et incapable de te guérir de ton mal invisible… Je t’aime ! Mais tu ne m’entends pas… Jamais ma voix ne te parvient, jamais mon souffle ne te caresse, jamais ma chaleur ne te touche… Nous étions heureux autrefois… Mais ils sont venus pour moi, et ils m’ont effacée de toi…